Beaucoup de réactions intéressantes depuis le motu proprio “Ad charisma tuendum” de ce 22 juillet. En particulier, les interventions documentées de Gervasio et EBE, revenant sur l'histoire du statut de l'Opus Dei et les possibles développements futurs.

            Dans son motu proprio, le Pape François demande à l'Opus Dei de revoir ses statuts en tenant compte de ce qu'est vraiment une prélature personnelle, notion créée par le Concile Vatican II...

Pour rappel, une prélature personnelle est une structure cléricale, composée exclusivement de prêtres, de diacres et de séminaristes (voir code de droit canon 294-296) :

Can. 294 - Pour promouvoir une répartition adaptée des prêtres, ou pour accomplir des tâches pastorales ou missionnaires particulières en faveur de diverses régions ou de divers groupes sociaux, des prélatures personnelles constituées de prêtres et de diacres du clergé séculier peuvent être érigées par le Siège Apostolique, après qu'il ait entendu les conférences des Évêques concernées.  

Can. 295 - § 1. La prélature personnelle est régie par les statuts établis par le Siège Apostolique et un Prélat est mis à sa tête comme Ordinaire propre; celui-ci a le droit d'ériger un séminaire national ou international, ainsi que d'incardiner des séminaristes et de les appeler aux ordres au titre du service de la prélature.

 §2. Le Prélat doit prendre soin tant de la formation spirituelle de ceux qu'il aura appelés à ce titre que de leur honnête subsistance.   

            Des laïcs, quant à eux, peuvent s'associer via des conventions établies avec la prélature:

Can. 296 - Moyennant des conventions établies avec la prélature, des laïcs peuvent s'adonner aux tâches apostoliques de la prélature personnelle; mais le mode de cette coopération organique et les principaux devoirs et droits qu'elle comporte doivent être convenablement déterminés dans les statuts.  

            Tout cela est loin d'être anodin.

Le Pape François affirme d'aileurs dans le motu proprio, en guise de préambule:

“J'ai jugé opportun de confier au Dicastère pour le Clergé la compétence pour tout ce qui appartient au Siège Apostolique en ce qui concerne les Prélatures personnelles, dont la seule érigée jusqu'à présent est celle de l'Opus Dei, compte tenu de la tâche prééminente qui y est exercée , selon la norme du droit, par des clercs (cf. can. 294, CIC). “

            Le caractère clérical d'une prélature personnelle est donc rappelé avec force.

            Et il semble assez compliqué de faire rentrer dans ce cadre clérical la situation des membres (numéraires ou agrégés) célibataires non-prêtres. Les incardiner tous à la Prélature comme séminaristes? Ou leur donner un statut de diacre permanent?

            En outre, que deviennent les numéraires de la section féminine? L'Eglise serait-elle prête à intégrer des femmes célibataires dans une structure de prêtres? (Le Pape François a ouvert un autre chantier sur le diaconat féminin , serait-ce une option?). 

            A titre d'exemple, selon la norme du droit (comme indiqué par le Pape François), la Directrice Centrale de l'Opus Dei ne peut pas techniquement faire partie d'une prélature personnelle, puisque ni prêtre, ni diaconesse, ni séminariste...!!

            Il s'agit donc bien d'un véritable tremblement de terre pour l'Opus Dei.

            L'intention spéciale d'Escriva et sa lutte de 30 ans pour un statut “sui generis” mène son institution dans une impasse. Le Fondateur aurait voulu des laïcs vivants comme des religieux (voir statuts de 1941- Chap.V. Espiritu 1. Los socios del Opus Dei no son religiosos, pero tienen un modo de vivir -entregados a Jesús Cristo- que, en lo esencial, no es distinto de la vida religiosa ) mais sans devoir être soumis aux devoirs et obligations des autres ordres religieux et instituts séculiers.

            Cette situation hybride lui a permis de profiter de facto d'une soumission forte de ses membres sans le nécessaire contrôle des autorités ecclésiastiques. Ce qui a mené à de multiples dérives : appropriation indues de revenus et de patrimoines, travail non-rémunéré, confusion entre direction spirituelle et gouvernement, dissimulations d'abus divers....

            Et de masquer tout cela derrière une praxis confidentielle, écrite et non-écrite, dont Opuslibros a permis la mise à jour partielle (voir Documentos Internos).

            Les autorités de l'Eglise rappellent aux successeurs d'Escriva que tout cela doit changer.

            (Mais il faudra voir ce qui sera réellement mis en place pour forcer ce changement....)

            Homère